Frédéric Faye a rassemblé tout ce qu’il a appris de la peinture depuis sa naissance.
Dans son magnifique jardin, il s’immerge désormais dès la première heure du jour, dans un corps à corps avec son nouveau sujet : la nature.
Ses grandes toiles inondées de lumière, de dégradés de rose somptueux, de bleus cobalts inouïs sourdant sous des pétales de magnolias larges et épanouis, sont des havres de paix, comparées à certaines de ses anciennes oeuvres décharnées et solitaires.
PORTRAIT PASSION.
Frédéric Faye en immersion végétale.
Frédéric Faye sort de sa tanière de Saint Maurice en Cotentin pour exposer pendant une semaine à la chapelle de Portbail, à partir du 4 août prochain. L’occasion d’apprécier l’évolution de ce grand peintre de la matière et de la lumière.
Frédéric Faye n’ observe pas seulement les poissons, les vaches ou la nature lorsqu’il se plante devant pendant des heures. Il « travaille ». Frédéric ne peint pas seulement quand il peint. Il fait son « travail ». Quand il choisit l’huile plutôt que l’aquarelle ou la gouache, c’est parce qu’il y a « plus de nervosité dans l’huile« .
Quand il ouvre le couvercle d’un bocal merveilleux de bleu outre-mer, c’est l’odeur d’abord qu’il vous fait admirer. Ses tubes bien gros et bien gras viennent d’industriels français hors-pair, Leroux, Sennelier… Que du beau.
Tout respire chez lui l’énergie de l’artisan en quête du Graal. Un coté peintre maudit peut-être, lui qui jouit des faveurs de la diaspora artistique parisienne, mais ne parvient pas ou peu à se voir offrir des lieux à son goût pour s’exposer ici.
Sa présence du lundi 4 août au dimanche 10 août à la chapelle Notre-Dame de Portbail relève du miracle. Non déplaise à sa modestie maladive, c’était un lieu à la hauteur de son art, offrant des champs visuels et des éclairages intéressants.
Et c’est à deux pas de chez lui. Ca le rassure, sans doute, et surtout rend possible sa présence régulière, synonyme de contact précieux avec le public.
Énergies rythmiques.
Les connaisseurs seront surpris. Finis les plongeurs éclaboussants, les poissons morts sur fond rouge vif, les vaches déjantées par les traits brutaux de couleurs dont on verra quelques exemplaires dans cette exposition.
Frédéric Faye a rassemblé tout ce qu’il a appris de la peinture depuis sa naissance.
Dans son magnifique jardin, il s’immerge désormais dès la première heure du jour, dans un corps à corps avec son nouveau sujet : la nature.

Triptyque Roses. huile sur toile 162 x 97 cm .2013
Je fais des croquis, des dessins rapide, juste pour m’imprégner des lumières, des mouvements naturels des plantes. A force de travail, je me sens aujourd’hui capable de m’exprimer à l’atelier de manière instinctive. Ça commence à être intéressant.
Sa plus grande angoisse c’est de ne plus faire du Frédéric Faye. Et c’est vrai que le contraste est saisissant. Ses grandes toiles inondées de lumière, de dégradés de rose somptueux, de bleus cobalts inouïs sourdant sous des pétales de magnolias larges et épanouis, sont des havre de paix, comparées à certaines de ses anciennes oeuvres décharnées et solitaires.

Magnolias fond noir .Huile sur toile. 92 x 73 cm. 2013
Mais la matière est toujours là. Le geste aussi.
Ce qui compte pour moi c’est cette conjonction d’énergies rythmiques
nous lâche-t-il soudainement, en oubliant son aversion pour les grands mots.
Tout est dit.
Reste à voir sur place et se faire une idée car on peut aimer ou ne pas aimer. Frédéric Faye a choisi de montrer une trentaine d’oeuvres, dont un triptyque végétal de trois mètres de large, dans une mise en scène simple, mais très étudiée, collant à l’architecture de la chapelle. À notre tour d’y plonger.
Philippe le Bariller.
Philippe le Bariller.